Hiver

Le 1er février, je quitte Bordeaux à vélo pour un voyage à travers l’Europe. Depuis Bordeaux, je m’élance vers le sud dans l’espoir de trouver des températures clémentes. Malheureusement, ni les Pyrénées, ni le pays de Navarre, ni les plateaux de venteux de Castille ne m’offriront de chaleur. Je découvre une Espagne vide, fantomatique et que je peine à apprécier. Plus au sud, l’Andalousie ne sera pas plus accueillante, après un hiver doux et sec, la pluie et le vent m’accueilleront. A Malaga, le sable du Sahara viendra alourdir la pluie, rendant le paysage apocalyptique et mon matériel boueux. Depuis Malaga, la mer sera mon point de repère et sera mon cap jusque l’Italie. De Malaga à Barcelone, le vent de face ne me lâchera pas une seule journée, me déséquilibrant à chaque bourrasque, me rendant plus vulnérable auprès des véhicules qui me frôlent, m’obligeant à pousser ma monture quand celle-ci devient trop pesante. Hormis une parenthèse enchantée dans le parc national de Cabo de Gata, la côte est espagnole n’est qu’une succession de station balnéaire, parcs pour touristes. Le covid y a laissé des traces. Beaucoup de devantures d’établissements sont de travers, les façades sont taguées, les volets resteront fermés. Comme sur les plateaux de l’ouest je me retrouve dans des villes qui semblent vides. Le mauvais temps qui persiste depuis des semaines n’arrangent rien. L’espagnol est pâle, presque désagréable, il se rend bien compte du grand vide qui l’entoure. J’atteindrais Barcelone après plusieurs semaines et une vitesse moyenne sur le vélo de 12 km/H. A cette allure, la solitude s’installe rapidement et semble pénible.

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